Article pour www.ump67.org groupe communication du Bas-Rhin, sous la responsabilité d’Alain Jansen…
Joseph Daul, député européen, nous a fait l’immense plaisir de nous accueillir dans son bureau au Parlement européen, à l'occasion de la session plénière d'octobre 2006. Cet homme passionné, nous dévoile son idée du futur européen.
Nous avons découvert un homme proche de ses terres (adjoint au maire de la Commune de Pfettisheim) et d’envergure européenne, avec une force de conviction remarquable.
Un homme proche de ses terres et un Européen convaincu…
Bonjour Monsieur Daul, vous êtes l’un des 732 députés européens et c’est votre deuxième mandat. Par ailleurs, vous êtes aussi Président de la Commission de l’agriculture et du développement rural du Parlement européen et le Président de la Conférence des Présidents de Commissions.
Avant d’en venir à des questions portant sur le fonctionnement des institutions et sur l'avenir de l'Europe, pouvez vous nous dire comment vous en êtes venu à vous intéresser à la politique et surtout à la politique européenne ?
- J’ai commencé par exercer des responsabilités locales à la Mairie de ma commune et je me suis engagé très jeune en faveur de la profession agricole.
Dans toutes les associations et syndicats dont j'étais membre et dans toutes les institutions (Conseil économique et social par exemple), j'ai toujours été en charge des affaires européennes. Ça fait donc plus de 30 ans que je milite pour les affaires européennes et internationales, ce qui m'a conduit à figurer sur la liste RPR lors des élections européennes de 1999. Cinq ans plus tard, lors des élections européennes de 2004, c'est moi qui ai conduit la liste UMP dans le Grand Est.
Au Parlement européen, je suis en charge des dossiers agricoles, notamment à travers mes fonctions de Président de la Commission de l'Agriculture. En tant que Président de la Conférence des présidents de commissions, je coordonne le travail des commissions parlementaires. Enfin, j'ai été désigné pour animer le Groupe Stratégie de Lisbonne, qui prépare notamment le Sommet du Printemps prévu les 8 et 9 mars prochains.
Vous êtes membre du PPE (Parti Populaire Européen) qui réunit plusieurs partis de droite et centre-droit à travers l’Europe. Pouvez-vous nous parler de votre candidature à la présidence du PPE.
- Il y a trois semaines, l'UMP et son Président, Nicolas Sarkozy, m'ont désigné comme leur candidat officiel à la présidence du PPE. L'élection aura lieu le 17 janvier prochain. Je suis donc en pleine campagne électorale, afin de trouver des accords entre les représentants nationaux du PPE. La tâche est rude car la délégation française n'est pas majoritaire au sein du PPE. En effet, nous sommes 17 députés européens français, face à 49 allemands, 28 anglais, 24 espagnols, 24 italiens... Rendez-vous en janvier pour connaître l'issue du vote !
Quel programme pour le PPE durant les 2 ans et 1/2 à venir ?
- Il s'agira avant tout de maintenir l'unité du groupe politique pour qu’en 2009 la droite puisse être majoritaire au Parlement européen.
- Il nous faudra également aborder de manière certaine, la communication et l’intégration des pays de l’Est qui ont un passé communiste récent et qui n’est pas toujours simple à traiter.
- La question du Traité constitutionnel s'impose également comme une action prioritaire. Il nous faut impérativement un traité simplifié afin de pouvoir avancer sur les grandes problématiques de l’Europe, et nous permettre d’avoir un système qui fonctionne plus facilement. Nicolas Sarkozy a émis le souhait, en cas d'élection à la Présidence de la République, de commencer ce travail dés 2007 sous présidence allemande.
- Nous pourrons alors aborder les trois principaux enjeux de l’avenir immédiat de l’Europe qui sont :
- L’immigration européenne. En effet, il nous faut une politique d’immigration commune pour éviter qu'un pays de l’Union européenne ne statue seul sur les légalisations de clandestins, ce qui leur permet ensuite de circuler dans l'ensemble de l’espace Schengen.
- La défense : il nous reste à étudier son financement.
- La recherche : L'enjeu majeur consiste à créer des synergies communes à tous les pays.
Concernant ces enjeux, il est essentiel que certains pays se distinguent par leur leadership et soient un moteur pour entamer des réflexions de fond sur ces perspectives d’avenir.
Quel est votre opinion concernant la Turquie ?
- Mon opinion rejoint celle de l’UMP qui soutient un travail renforcé avec la Turquie mais en aucun cas une entrée dans l’Union. De manière générale, je pense que l'Europe a tout à gagner en redéfinissant sa manière de travailler avec ses voisins, sans pour autant les intégrer pleinement.
Beaucoup de personnes se demandent aujourd’hui pourquoi autant d’Etats-membres. Il aurait été plus facile de créer une Europe politique à 15 ?
- Cette vision n'aurait pas été soutenable à long terme. Il était en effet indispensable d'intégrer les pays de l’Est afin de leur permettre d’entrer dans une phase de croissance plus forte qui aura - et qui a déjà - des conséquences économiques positives dans les pays de la " Vieille Europe ". Après les délocalisations importantes de ces dernières années, les nouveaux pays, si nous ne les avions pas accueillis tout de suite, auraient-ils encore accepté de rentrer dans l’Union européenne ou auraient-ils crée eux-mêmes leur propre espace économique hors de l'Union européenne ?
Dans les années à venir, nous bénéficierons de plus en plus de leur essor économique, ce qui nous démontrera que nous avions raison de les faire entrer dans l’Union à ce moment-là.
Qu’en est-il de la remise en question de la PAC au sein des institutions ?
- Il ne faut pas oublier que l’Europe représente 459 millions de consommateurs, et qu'elle doit assurer son autonomie et sa sécurité alimentaire aujourd'hui menacées. Je prends pour exemple certains produits agricoles dont le blé, pour lequel les stocks mondiaux seront inférieurs à 15 jours avant la fin de l'année, entrainant aussi un doublement du prix.
Depuis 1959, la Politique agricole commune n'a eu de cesse d'évoluer. Elle s'est ainsi adaptée aux différents défis internes et externes de la Communauté en particulier aux élargissements successifs, à la mondialisation croissante, aux nouvelles exigences de la société en matière d'environnement, de sécurité ou de qualité... Face aux défis communautaires et mondiaux, tout l'enjeu consiste à réfléchir dès aujourd'hui pour définir les nouvelles lignes directrices de la PAC qui entrera en vigueur en 2013.
Nous remercions encore Monsieur Joseph Daul de nous avoir accordé quelques minutes dans son planning en espérant avoir pu répondre à certaines questions de nos adhérents.
Damien Oswald / Chistian Cohade
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